Les éléphants, c’est toujours un rêve de gosse. Vouloir les voir est une chose mais pouvoir passer un moment privilégié avec eux en est une autre.
Nous avons choisi Éléphant Rescue Park pour notre rencontre avec eux. Ce parc sauve (ou rachète) des éléphants blessés ou abandonnés pour leur donner une seconde vie. Ils ont même décidé de leur donner un nouveau nom pour que l’éléphant intègre bien que c’est un nouveau départ, dans un contexte bien meilleur pour lui.
C’est vers 8h30 que Chang vient nous chercher pour passer la journée avec lui. Le premier arrêt sera la fabrique de papier recyclé. Ici pas d’arbres coupés mais du caca d’éléphants en guise de matière première. Une dame nous explique toutes les étapes de la confection du papier.
On nettoie d’abord les excréments dans différents bassins pour ne garder que les fibres. En effet, le caca d’éléphant est composé en grande partie de fibres (~80%) et c’est cela qui est récupéré pour le papier. Après ébullition les fibres sont trempées dans de l’eau avec des colorants naturels. On forme alors de petites boules de couleurs qui permettront de faire des feuilles de papier.
Nous nous essayons à la confection de papier. Il faut utiliser un tamis que l’on trempe dans l’eau et par dessus lequel on étale les fibres. Lorsqu’elles sont bien réparties on sort le tamis de l’eau et on fait sécher la feuille à l’air libre (et de préférence au soleil pour réduire le temps de séchage). Et voilà !
Nous restons un peu à faire des photos des différentes étapes puis nous nous rendons dans la boutique où ne trouvons rien à notre goût.
Notre minivan roule ensuite jusqu’au parc. Pendant ce temps, Chang nous explique plein de choses sur les éléphants. Ils ont seulement 4 dents qu’ils perdent 6 fois dans leur vie. Nous avons bien ri lorsque l’un des visiteurs a demandé s’ils choisissaient quand ils les perdaient. Et toi tu as choisis quand tes dents de lait sont tombées ? 😂
Il nous apprend aussi qu’il y a 3 espèces d’éléphants, deux d’Afrique et une asiatique avec 4 dérivées. La différence entre les espèces se voient à leurs nombres d’ongles aux pattes et à leurs oreilles.
Arrivés au parc, nous nous changeons. Le centre fournit à tous les visiteurs la même tenue, cela permet aux éléphants de nous identifier comme inoffensifs et nous ôte toute excuse pour ne pas aider à réaliser les corvées du parc. Sur les indications de notre guide, nous partons aider les hommes du centre à faire des ballots de bambous pour nourrir ces gros mammifères. On prend d’abord une feuille de bananier séchée de laquelle on retire les feuilles. La tige servira de corde. On rassemble ensuite plusieurs bambous en ballot puis on les attache avec la tige.
Nous abandonnons ensuite nos paquets de nourriture pour fabriquer des sucreries pour les éléphants. On mélange du riz, du tamarin et du sel dans un mortier. Le sel sert à donner soif aux éléphants car ils boivent peu pendant la saison sèche. On forme ensuite des petites boules de pâte qu’on donnera plus tard aux éléphants.
Ce parc a 7 éléphants. L’un d’eux est isolé du groupe car il est très faible et doit être soigné encore un peu avant de rejoindre les autres. Nous nourrissons d’abord celui-ci. La vitesse à laquelle il récupère les bananes dans nos mains pour les enfourner dans sa bouche à l’aide de sa trompe est très impressionnante, un vrai glouton! Il ne faut pas poser la nourriture au bout de sa trompe car c’est son nez, il s’en sert uniquement pour sentir (et vous conviendrez que manger par le nez n’est jamais bien agréable). Il faut placer les aliments à l’intérieur de sa trompe, qu’il enroule ensuite pour déposer les aliments dans sa bouche.
Chang nous apprend aussi qu’un éléphant a une vue périphérique et non frontale comme nous. Il ne peut pas nous voir si nous arrivons face à lui. Il faut donc faire attention de ne pas le surprendre en arrivant par les côtés. Par mesure de sécurité, on lui tape aussi sur le flanc pour signaler notre présence.
Après le repas du pachyderme c’est à notre tour de déjeuner. Nous apercevons quelques éléphants au loin lors du repas, un vrai bonheur. Nous retournons ensuite chercher les ballots de bambous que nous avons préparé le matin. 6 éléphants nous attendent, impatients. Ils se dandinent de droite à gauche en attendant leur nourriture. Chang nous les présente par leur nom puis nous explique comment les nourrir. Nous partons ensuite pour une balade à côté d’eux jusqu’à un point d’eau.
Les éléphants vont et viennent comme ils veulent. Ils sont chacun accompagnés d’un mahout (guide/soigneur) qui les surveillent et leur montrent le chemin. Ils ne sont pas attachés et personne ne leur monte dessus. On voit qu’une certaine complicité existe entre les soigneurs et leur éléphant, ils semble se parler, jouent ensemble, les éléphants font souvent de petits grognements pour réclamer des bananes. Arrivés à la rivière, ils se plongent dans l’eau. Certains éléphants semblent vraiment apprécier ça car ils se roulent dedans. D’autres attendent que leur mahout les asperge et les frotte.
C’est maintenant à notre tour de les nettoyer! Armés d’une brosse et d’une casserole en plastique nous les lavons et les frottons du mieux qu’on peut. Immergés jusqu’à la taille, habillés et nos bottes en plastique au pied c’est une sacré expérience! Les éléphants jouent avec nous et s’amusent à nous asperger d’eau avec leur trompe. Ce fut un vrai moment de partage entre les animaux et nous.
Pour finir nous faisons quelques dernières photos avec les éléphants avant de partir déguster une délicieuse noix de coco fraîche, accompagnée de petits gâteaux au riz soufflé.
Le propriétaire du lieu est venu discuter avec nous à la fin de la journée. Ses paroles nous ont vraiment rassurées, tant sur la façon dont les éléphants étaient traités dans ce parc que pour la raison de leur présence ici. L’objectif est d’offrir une nouvelle vie, ou une fin de vie dans des conditions décentes aux animaux du parc. Nous ne voulions pas participer au business de nombreux centres qui font de beaux sourires par devant mais ne prennent pas soin des animaux dans le fond. Ici 80% de notre argent revient directement aux éléphants afin qu’ils soient nourris et soignés, ainsi que pour pouvoir racheter et ainsi sauver d’autres éléphants maltraités. Le reste sert à payer le personnel et notre repas. Il nous explique aussi que tous les mahouts sont d’anciens toxicomanes, qu’il a embauché dans le but de les aider à se sortir de leur dépendance.
Ce fut vraiment une très belle expérience, nous ne regrettons rien.
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