Le Kepler track est en sentier de randonnée de 60 km faisant une boucle. Le départ se fait de Te Anau, une petite ville uniquement là grâce au tourisme. Vous y trouverez des restaurants, des hôtels, des campings et des magasins de randonnées. Attention, si comme nous vous n’avez pas emmené votre tente à l’autre bout du monde le seul magasin pour en louer (je dis bien LE SEUL) est Bev’s tramping gear hire. Pour le reste du matériel (casserole, matelas, sacs de couchage) vous en trouverez un peu partout dans la ville. Comptez 40$ la tente pour 4 jours et 15$ le matelas de camping.
Concernant la nourriture, il n’y a rien, absolument RIEN sur le sentier pour se ravitailler. Il faut donc prévoir 4 jours de nourriture et ça fait vite du poids.
Nous partons donc avec 12 bananes, 16 pommes, 5 paquets de pain de mie, 1kg de pâtes, 24 barres de céréales, 4 sachets de charcuterie, des sachets de café instantanés, un pot de confiture, un pot de beurre de cacahouètes, de l’houmous, 4 tomates, 4 boites de thon à la tomate, 12 œufs déjà cuits, 6 pots de nouilles instantanées, 2 quatre-quarts, un gros sachet de graines (raisins secs, noix de cajou, cranberry etc) et nos gourdes remplies d’eau. Pour l’eau ne vous inquiétez pas, il y a de quoi vos bouteilles a chaque campement. Vous pouvez aussi demander aux Rangers de vous indiquer les rivières dans lesquelles il est possible de s’abreuver sans risque.
Pour l’équipement, n’oubliez pas vos imperméables, gants et bonnets car il peut faire très froid et pleuvoir beaucoup. Il faut aussi savoir que le temps change très vite. Dans la même journée nous avons eu de la neige, de la pluie et un grand soleil.
Premier jour
Notre première journée commence sous une pluie battante. Nous récupérons en ville les derniers équipements nécessaires à notre expédition. Notre montre affiche 10h lorsque nos chaussures de randonnée foulent les premiers kilomètres du Kepler Track. 15,5km nous attendent. Aujourd’hui pas de dénivelé et c’est tant mieux car nos sacs sont très lourds!
La forêt est bien différente de la végétation européenne. Ici des fougères poussent à foison et la mousse tapisse chaque morceau d’écorce. On se croirait dans Jurassic Park! Le chemin est très large et très bien entretenu.
Aucun insecte n’est visible, même pas un ver de terre. Des pièges sont positionnés à une centaine de mètres les uns des autres. Nous apprendrons plus tard qu’ils servent à attraper les rongeurs nuisibles à l’environnement de la Nouvelle-Zélande. Ils ont été introduits par l’homme lors de la colonisation de l’île et ont fait énormément de dégâts à la faune et la flore. Depuis de nombreuses années le gouvernement Néo-zélandais tente d’endiguer ce phénomène en tuant un maximum de ces prédateurs.
Nous faisons une pause au Rainbow Reach carpark pour déjeuner et nous arrivons a la première étape de notre périple vers 16h. En arrivant, il faut foncer choisir un lit dans les dortoirs. Le choix se fait vite entre le dortoir du haut qui contient 25 lits côte à côte et celui du bas qui n’en contient que 8 superposés. On espère que nos voisins ne ronfleront pas trop.
La grande salle commune équipée d’éviers et de plaques de gaz est déjà remplie de randonneurs. Nous partons donc nous installer au bord de la plage juste devant le refuge.
La vue est splendide sur le lac est splendide, surtout au coucher et au lever du soleil. Quelques parties de tarot plus tard, la température se fait plus fraîche et nous rentrons au chaud faire cuire nos pâtes. Après le repas nous avons le droit à une longue explication sur l’histoire du lac Manapuri par le gardien du refuge. Il est passionné par le sujet mais son accent néo-zélandais le rend difficile à comprendre, surtout après une journée de marche. 1h30 plus tard, nous avons le droit à un petit briefing pour la journée du lendemain. N’étant que 6 à faire cette partie, le Ranger a préféré nous faire passer en dernier plutôt que de faire attendre tous le monde. En effet la majorité des randonneurs font le circuit dans l’autre sens. Nous nous couchons tôt et notre voisin ronfle déjà!
2e jour
Après une nuit difficile, nous nous remettons en marche pour 16,2km cette fois. La montée est douce mais avec nos sacs, tout est plus difficile. Cette portion ressemble beaucoup à celle de la veille. Une pause au Rocky Point pour déjeuner et on repart pour la dernière portion de la journée.
Nous arrivons au campement d’Iris Burn vers 15h. Des petites mouches appelées « sandflies » nous assaillent. Elles semblent inoffensives mais piquent très rapidement. Le pire, c’est qu’elles sont très nombreuses! Il faut sans cesse les chasser, chaque centimètre carré de peau exposé est vulnérable.
Cette fois ci nous ne dormons pas au refuge mais sous la tente! Un emplacement pour 2 tentes sous les arbres semble fait pour nous. Malgré le froid, nous montons notre abri en toile rapidement.
Après quelques parties de tarot il est temps de faire la cuisine. Problème, nous n’avons pas de gaz! Il n’est pas possible d’accéder au refuge pour faire chauffer nos pâtes et nous ne le découvrons à l’instant. Nous allons donc toquer à la porte de Jeanine, la ranger en poste ici. Après lui avoir expliqué notre problème, elle propose de nous prêter un réchaud pour la soirée et le lendemain matin. Ouf, on est sauvé, nous allons manger ce soir!
La température est bien tombée et les pâtes chaudes font beaucoup de bien. Après le repas nous retournons vite dans nos tentes nous mettre au chaud (oui oui). Dernière précaution à prendre avant de se coucher, tout rentrer dans la tente. De petits perroquets de montagne appelés Kéas vivent ici et sont apparemment très joueurs. Nous avons rencontré une Canadienne qui a retrouvé sa chaussure, dénuée de semelle, au milieu du champ. Pas de risque à prendre, les chaussures sont bien ce dont nous avons le plus besoin!
3ème jour
Après une nuit trop fraîche, nous nous éveillons difficilement. On pense fort à nos amis OneBikeForTwo qui font ça tous les jours. Aujourd’hui sera la portion la plus difficile du trek. Après un petit-déjeuner dans le froid, nous replions tout et commençons à grimper. La montée est raide mais la vue au sommet en vaut la peine. On sort du bush et on aperçoit au loin un lac. La végétation se fait plus rare et plus sèche. Nous faisons une pause pour grignoter et nous reposer un peu.
Les Kéas nous accompagnent jusqu’à l’abri Hanging Valley. Il fait encore plus froid qu’en bas et après le repas il se met même à neiger! Nous ne nous attardons pas et nous remettons en route rapidement. Un panorama exceptionnel s’offre à nous. C’est vraiment la plus belle portion du trek. Une autre pause s’impose à l’abri Forest Burn et nous redonne un peu des forces pour finir cette interminable étape. Au bout d’une heure, nous croyant presque arrivés, nous croisons le ranger du prochain refuge. Il nous informe qu’il nous reste encore 50 minutes de marche. Nous sommes épuisés, ma cheville me fait terriblement souffrir et cette nouvelle nous met un coup au moral.
Enfin arrivés, nous ne pouvons presque plus marcher. Nous avons fait presque 7h de marche, presque 1200m de dénivelé positive et quelques bonnes descentes aussi, le tout en portant des sacs bien lourds. La première chose que l’on remarque dans le refuge, c’est qu’il fait froid et qu’il n’y a pas de chauffage. 130$ (80€) par personne pour dormir dans un dortoir de 40 personnes non chauffé. Nous sommes très déçus! On est très loin du réconfort dont on aurait besoin après une marche comme celle-ci…
Ce soir, c’est nouilles instantanées! Ça faisait longtemps 😉 Le briefing du Ranger est plus court mais toujours aussi difficile à comprendre. Nous partons nous coucher tôt et il fait tellement froid dans le dortoir que nous dormons à deux dans un lit une place pour ne pas mourir d’hypothermie. Nos duvets ne sont pas assez chauds pour supporter des températures proches de zéro. Dehors on entend le vent souffler et on distingue la neige qui tombe à travers le brouillard.
4e jour
Le brouillard enveloppe le refuge de toute part. Il est encore plus difficile de sortir du lit que de la tente! Nous avons encore mal partout mais il nous reste 13,8km à descendre pour terminer la boucle. Après un petit-déjeuner rapide nous réalisons que le brouillard ne disparaîtra pas de si tôt. C’est donc dans le froid et l’humidité que nous nous mettons en route à 8h40.
La belle vue d’hier a disparue et nous ne tardons pas à nous renfoncer dans la forêt qui ne nous quittera plus jusqu’à la fin du trek. Nous retrouvons la végétation des premiers jours avec ses nombreuses fougères. Saviez vous que c’est l’emblème national de la Nouvelle-Zélande?
Nous finissons par arriver au parking où nous avions laissé la voiture trois jours plus tôt. Je boîte sur les dernières centaines de mètres à cause de ma cheville. Il est midi et nous sommes soulagés d’être arrivés.
Après un petit crochet par le centre-ville pour déposer les affaires que nous avions louées, nous récupérons notre chambre d’hôtel et nous allongeons sur les lits avec plaisir. Cette après midi ce sera repos et jacuzzi pour détendre nos muscles endoloris.
Nos impressions
Cette randonnée est difficile car il faut porter 4 jours de nourriture dans son sac ainsi que sa tente si on campe. Il faut aussi redescendre et donc porter tous ses déchets. Nous étions probablement trop chargés et aurions pu prendre de la nourriture plus légère, tous les autres randonneurs mangeaient des plats lyophilisés qui ne pèsent que quelques dizaines de grammes.
Nous avons été très déçus par les logements proposés par rapport au coût. La Nouvelle-Zélande a décidé de doubler ses prix cette année pour les étrangers et cette augmentation nous paraît difficilement justifiable au vu de la « prestation »: pas de douche, pas de chauffage, des dortoirs de 20, aucun accès au gaz pour les campeurs. Le coût de l’hébergement par personne a été de 300 NZ$ soit 182€ pour 3 nuits.
Concernant le paysage, nous avons trouvé les deux premiers jours assez répétitifs. Le troisième jour était vraiment exceptionnel et le dernier jours similaire aux deux premiers.
En résumé nous avons aimé relever ce challenge car c’était la première fois que nous faisions une randonnée de quatre jours en autonomie mais pour moi cet endroit ne vaut pas quatre jours de marche.
Demain nous partons pour la ville de Queenstown, nous nous reposerons là-bas.
2 Comments
Les sacs lourds, c’est le pire. Je ne dois pas être le premier à vous en parler, mais le forum Randonner Léger (https://www.randonner-leger.org) est une super source de renseignements et d’astuces pour alléger son sac. Les prix des hébergements en NZ sont vraiment prohibitifs. Est ce que les néo zélandais voudraient restreindre les touristes aux « riches » ?
C’était notre première randonnée en totale autonomie et nous ne referons pas les mêmes erreurs pour la prochaine. La nourriture lyophilisée sera notre amie j’en suis sûre !